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SHOAH EN MEMOIRE
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8 mai 2010

La traque des Juifs : Ancenis, dernier domicile connu.

                                                     etoile

Deux cas nous ont particulièrement intéressés et nous pouvons évoquer leur dernier parcours avant la déportation grâce aux archives départementales (série 1694 W).

Salli Rewizorski :

        Salli Rewizorski naît le 13 avril 1902 à Lodz en Pologne. Il est le fils de Léon Rewizorski et de Golda Zinberg

        Salli fuit la Pologne des pogroms (nombreux au moment de la guerre russo-polonaise en 1919-21) et de la discrimination économique – les Juifs sont exclus des emplois publics en 1930.

        Il arrive en France à 24 ans en 1926, et il s’installe à Strasbourg où prospère une importante communauté juive.

        La guerre lui fait reprendre la route. Il part vers l’Ouest car dès le 3 septembre1939 le gouvernement français a fait évacuer une partie de la ville. Le retour à Strasbourg sera de toute façon impossible car après l’armistice du 22 juin 1940 les Allemands refusent la réinstallation des juifs et la synagogue est incendiée.

         En octobre 1940 les Juifs de Loire Inférieure doivent se faire recenser et il nous retrouvons Salli, grâce au recensement de la préfecture, installé à Nantes comme commerçant en bonneterie-confections au 4 bis, rue des Dervallières (quartier situé au NO de Nantes)P1010735

L’aryanisation des entreprises juives s’effectue de façon rapide et le petit commerce de Salli, qui est répertorié comme étant sans « intérêt économique », est liquidé le 12 juillet 1941 par un gérant nommé pour cela.

        Salli fuit de nouveau. Désormais sans magasin, il tente de survivre en poursuivant une activité commerçante itinérante (probablement sur les marchés).P1010789

       Il est arrêté à Ancenis où il réside à l’hôtel de la gare le 15 juillet 1942 lors de la première grande rafle qui touche la région. Le gendarme qui est chargé de la « surveillance des Juifs » écrit au préfet que Rewizorski «  a été arrêté par les autorités d’occupation il y a une quinzaine de jours environ »

      Il est déporté par le convoi n°8 parti d’Angers vers Auschwitz le 20 juillet 1942.

      Il décède à Auschwitz le 29 août 1942. Il avait 40 ans.

Ce convoi comportait 827 déportés dont 14 seulement étaient survivants en 1945.

Chana Dutkiewicz épouse Zylberberg :

       Chana est née le 28 juillet 1906 à Tomaszow (ou Tomasz) en Pologne. Elle est la fille d’Abraham Dutkiewicz et d’Esther Fischer.

On ignore à quelle date elle a quitté la Pologne, mais son départ a du être précoce (comme pour Salli) car elle parle couramment français.

       Nous la retrouvons sur les listes du recensement des juifs de Nantes. Madame Zylberberg est propriétaire d’une boutique de bonneterie « Le stand des fabricants » située 28 rue du Marchix  au centre de la ville. Est-elle veuve ?

       Les entreprises juives doivent désormais être gérées par des non-juifs : c’est l’aryanisation, le « désenjuivement » des entreprises. La modeste boutique est confiée à un nouveau gérant qui se charge de la liquidation : « la maison est fermée-manque d’intérêt économique ».P1010776

La boutique est vendue le 12 juillet 1941.

Chana se retrouve sans ressource.

       Elle s’installe à Ancenis en décembre 1940 au 27 de la rue Emilien Maillard. D’autres membres de sa famille ( ?) un couple Zylberberg habite au n°6 de la rue du général Hagron à Ancenis.

      Les Juifs n’ont plus les moyens de vivre décemment. La préfecture se charge de vérifier leurs moyens de survie. Leur statut s’aggrave encore et ils ne peuvent plus se déplacer librement.

      Mme Zylberberg est traquée et elle essaie de se cacher.P1010784

     Elle est interpellée par la police française en février 1942 (voir le rapport du commissaire au préfet). Elle est arrêtée à l’hôtel Lapérouse à Nantes pour usage d’une fausse identité : « elle s’était fait inscrire sous le faux nom de Blanchet Marie ». Elle est également en contravention parce qu’elle change de domicile sans le déclarer : « elle a avoué qu’elle se rend même à Saint-Nazaire pour servir d’interprète à un Turc qui est marchand forain ».

Elle reconnaît revenir à Nantes « pour faire des achats » mais la police n’y croit pas ; elle tombe là encore sous le coup de la loi pour commerce illicite.

Mais finalement le Parquet la laisse en liberté provisoire…

      Le 6 juin 1942 elle porte l’étoile jaune.

      Le 20 juin 1942 elle quitte Ancenis « pour se rendre à Paris, sans autre indication » (rapport de la gendarmerie d’Ancenis).

      Elle est probablement arrêtée à Paris (Rafle du Vel’d’Hiv’ ?)

      Elle est déportée par le convoi n°7 parti de Drancy le 19 juillet 1942 en direction d’Auschwitz.

Elle meurt à Auschwitz le 1er septembre 1942 à l’âge de 36 ans

Ce convoi comportait 999 déportés dont 16 seulement étaient survivants en 1945.

        

Le couple Zylberberg de la rue Hagron semble avoir échappé aux rafles car la gendarmerie d’Ancenis indique  qu’« ils ont quitté leur domicile le 24 juillet 1942 pour une destination inconnue ». On ne les retrouve pas sur les listes de déportés.

Audrey Joubard et Catherine Gadeau

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