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SHOAH EN MEMOIRE
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3 avril 2010

Voyage d'étude à Auschwitz

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Voyage d'étude à Auschwitz

Un voyage, non plutôt une expérience, une leçon, et même une belle claque. C'est le souffle coupé que nous abordions cet endroit, sur nos visages on peut lire tout le respect qu'on donne à ce lieu.

Nous écoutons les guides nous raconter une nouvelle fois une histoire que nous connaissions déjà mais nous en apprenons plus.

Désormais nous connaissons les détails, nous avons vu les lieux, touché les murs comme si les âmes y étaient encore enfermées et qu'elles n'attendaient que nous pour les délivrer. Les wagons, nous les connaissions bien sûr, mais on ne sait pas vraiment ce que c'était que de voyager dans un endroit si petit, coupé du monde, avec pour seule nourriture l'air glacé qui traverse tant bien que mal les parois de ces endroits de torture. Un wagon à l'image de l'intelligence humaine, trop petit et limité où le seul mot d'ordre est survivre. Le froid, c'est sous nos multiples épaisseurs vestimentaires que nous l'avons ressenti, imaginant ainsi que des milliers de gens connurent ce froid avec juste une petite chemise et un pantalon plutôt fin. Les lieux sont emplis d'un silence qu'on n'ose briser, l'air est lourd, il pèse sur nos cœurs. 26226_1381957270649_1283481715_31095087_350123_n_1_Les dernières visites sont les plus dures, les photos, les valises, les chaussures, les brosses à dent, les cheveux... Tous ces visages creusés, ils sont maigres, elles n'ont plus de cheveux, certains sourient, sur certaines on lit la douleur d'un enfant arraché, d'un mari pour la dernière fois vu sur le quai froid et sombre d'une nouvelle vie instable et inhumaine.

Ils vivaient tous là, ils ont foulé ces sols, habité ces lits, on leur a reproché d'être nés comme ils étaient, les humiliations répétées ont fait d'eux des fantômes d'hommes et de femmes, des corps vides et maigres, on leur a imposé la mort et la souffrance, ils ont tentés de vivre jusqu'à ce que la bêtise humaine leur ôte ce privilège.

C'est le cœur révolté que nous repartons, je voudrais crier, pleurer si fort, retourner en arrière, remplacer la soupe par des repas de fête aussi riche qu'un dîner en famille un dimanche midi, mettre des matelas avec des draps et des couettes sur les lits, leur apporter tous les manteaux qui existent au monde, couper les barbelés, leur dire de partir, de courir aussi vite que leur corps malades le permettent, remplacer les fusils des gardiens par des fleurs pour qu'ils ne puissent plus tirer, ces endroits de morts deviendraient de merveilleux parcs fleuris, où sur les bancs on verrait des amis rigoler et des amoureux s'embrasser, où personne ne dirait « toi tu es différent! ». 26226_1381950070469_1283481715_31095069_8020611_n_1_Mais c'est impossible, ces lieux seront toujours emplis d'un silence lourd, d'un secret enfin éventé, et c'est ici que l'on apprend que la vie n'est pas toujours aussi rose qu'on nous l'apprend dans les contes pour enfants, mais qu'elle est une suite d'actions humaines insensées, comme si l'humanité ne se rendait pas compte de ce qu'elle avait fait.

Les sourires s'effacent un à un, les têtes se rentrent peu à peu dans les écharpes, on s'isole, la gorge se serre, parfois les larmes coulent, les images défilent encore et encore, ces corps, ces visages, ces lieux, ... 26226_1381950030468_1283481715_31095068_996668_n_1_Imaginer, non c'est impossible, comprendre encore moins, mais maintenant sur nos petites épaules nous portons comme nous le pouvons le Devoir de Mémoire et nous lui ferons honneur.

Rozenn

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