Comment exprimer la Shoah ?

L'art permet d'exprimer l'indicible, l'incompréhensible projet de déshumanisation, d'extermination des Juifs par les Nazis. Les morts touchant ce domaine ont été déguisés (par exemple "solution finale" pour le gazage, "transfert" pour la déportation, etc). De nombreux survivants -et leurs descendants- ont cherché à poser des mots sur ces événements, à raconter le martyr d'un peuple, les fureurs du racisme.

Les photos, prises par des officiers nazis, par des journalistes ou par des survivants, ont le mérite d'être plus froides, plus choquantes ; elles rapportent l'horrible réalité sans pouvoir l'adoucir (Arno Gisinger, Francis Joly, Roman Vishniac...)

A la photo qui nous montre la réalité sans exprimer de sentiments, sans prendre en compte la sensibilité de l'artiste, s'ajoute la peinture. Sur la toile, les mouvements du pinceau traduisent ceux plus profonds de l'âme, les rancœurs, les incompréhensions, les peurs, les souvenirs si lourds. La peinture est une sorte d'échappatoire, un moyen d'exprimer l'indicible quand les mots nous évitent soudain. Sur le tableau, les couleurs, les formes, le relief, le réalisme comme l'abstrait, se mêlent ou s'entrechoquent pour former la voix intérieure de l'artiste (Alain Kleinmann, Anselm Kiefer, Akiva Kenny Segan...)

L'art contemporain, avec ses installations conceptuelles, offrent une nouvelle forme d'expression de la Shoah. Au début de l'année, au Grand Palais, Christian Boltanski exposait trois installations en lien avec le génocide juifs : "Personnes". L'artiste, dans "Reliquaire", évoquait déjà cet événement en 1987.

Plus rarement, la musique représente également un art dans lequel l'homme peut déverser ses peines, ses colères, ses espoirs... On peut noter ici "A survivor from Warsaw" d'Arnold Schönberg.

Ainsi, l'art permet aux rescapés, aux témoins et aux descendants, de rendre compte des événements tragiques qui ont giflé leur âme et de les exprimer d'une manière qui leur correspond et qui révélera leur sensibilité.

Marie-Océane.